P'tits plaisirs

Les restos oubliés de Lyon

Les restos oubliés de Lyon

Ils ont connu leur heure de gloire. Leurs noms faisaient frissonner la ville. Il fallait y être. Puis pschitt, œuvre du temps qui passe, des ouvertures en cascade, des ascensions fulgurantes, des nouvelles modes, quand on se demande où manger au restaurant, on y pense rarement. Dommage.

Le Cazenove
Beaucoup l'ignorent : adossée au restaurant gastronomique de Pierre Orsi, il existe une maison bis, non moins bourgeoise mais plus démocratique niveau tarifs. Faste assumé, tables impeccablement nappées, statues aux poses savantes, banquettes contentes de leur rouge. Dans les 80's, il était chic de réserver au Cazenove. Où Orsi, en ancien moderne, usait notamment de l'huile d'olive avant tout le monde. Comme partout, les prix ont augmenté mais parfait pour croquer un bout du restaurant d'avant, de vieille France et de son décorum. Menus à partir de 38€. 75 rue Boileau, Lyon 6e

L'Etage
Ce resto centenaire, où les notables aimaient se réunir loin des regards, au 2e étage, en surplomb de la place des Terreaux, a été mis sur la carte des lieux qui comptent par le chef Jérôme Soonberg. Amateurs d'ambiances chabroliennes, bonjour. On aime le contraste de cet appartement ancien et feutré, repris en main en 2011 par le tout jeune chef Guillaume Mallet : murs saturés de rouge, boiseries, lampes avec de vrais abats-jour... Un concept à nouveau limite révolutionnaire face aux copiés-collés et aux tics décoratifs d'aujourd'hui. Menus de 24 à 86€. 4 place des Terreaux, Lyon 1er 

Hong Ha
A son ouverture, il y a 35 ans, quasi personne ne connaissait la cuisine viet'. Et rares étaient ceux qui s'aventuraient rue St-Jean. Or si l'on poussait jusque dans ce quartier gris, sinistre, encore dépourvu de restos (et de touristes), c'était pour s'enivrer des saveurs vietnamiennes de cette adresse pionnière de la ville en son genre. C'était déjà excellent, ça l'est toujours. 17-30€. 21 rue St-Jean, Lyon 5e

La Bonâme de Bruno
QG indiscutable des théâtreux à la grande époque, celle où les environs étaient truffés de cafés-théâtre. Il faut dire que les cuisines turbinaient jusqu'à tard. La salle, simple, aérée, reposante, n'a guère changé, mais le jeu de l'assiette a gagné en finesse, en volupté avec l'arrivée du chef Bruno Didierlaurent, il y a déjà 15 ans. Loin des clichés d'Instagram, la Bonâme régale son monde. Toujours aussi bien et même mieux que bien. Formule déj : 16€/ Menu soir dès 29,90€. 5 Grande rue des Feuillants, Lyon 1er

Chez Terra
The premier japonais de Lyon, avant tous les autres. Avant que les influences nippones n'imprègnent durablement la cuisine gone. Cet izakaya, bar à sakés-bistrot du Levant au cadre archi dépouillé, est toujours aussi droit dans ses baguettes après deux décennies. Hiroshi Teramoto, le chef des débuts, continue de décliner ses gammes tokyoïtes sans se sentir obligé de changer de registre, de décor ni d'adopter le vent de la nouveauté. La nouveauté, c'était lui... De 13 à 50€. 81 rue Duguesclin, Lyon 6e

Les Demoiselles de Rochefort
En 30 ans d'existence, on a un peu tendance à l'oublier cette table à habitués, avec ses clair-obscurs, ses accumulations d'objets chinés, ce côté hors du monde (impossible de voir à l'intérieur depuis la rue). L'un des rares endroits où l'on retrouve encore des bougies ailleurs que sur un gâteau d'anniversaire. Intime. Où l'on progresse d'un plat à l'autre comme une péniche sur l'eau, sereinement, le serveur ne songeant pas au second service. Pas donné mais toujours efficace. Entrées: 13-19€/Plats : 19-24€. 31 rue René Leynaud, Lyon 1er

Le Mercière
Avec son premier coup de fourchette donné en 1978, Le Mercière est peut-être né avant vous ! Cette adresse fait partie de la grande histoire de la cuisine lyonnaise. On s'y donnait allègrement rendez-vous à la fin des seventies, début eighties. Le Mercière est resté imperméable aux restos à concepts qui, depuis, ont plu sur la rue piétonne. A la barre, toujours la famille Manoa, grâce à la fille, Marie-Victorine. Du haut de ses 26 ans, la jolie blonde garde le cap " bouchon authentique ". 56 rue Mercière, Lyon 2e